Béatrice Fromentin-Denozière, DS CFDT et DSC adjointe d’Onera, nous raconte comment la question du passage au CSE a été élaborée avant de débuter les négociations. Au passage, elle nous livre sa vision du mouvement des gilets jaunes.

Les consultants et experts suggèrent souvent aux représentants du personnel d’anticiper les négociations sur le passage au comité social et économique (CSE). Dans le cas d’Onera, un établissement public industriel et commercial spécialisé dans la recherche aérospatiale qui compte 1 800 salariés en France et actuellement 7 établissements, le conseil a été mis à profit, comme nous le raconte Béatrice Fromentin-Denozière, DS CFDT et DSC adjointe. « Sur le CSE, nous avions au sein même de la CFDT une divergence : fallait-il prévoir de demander ou pas des représentants de proximité ? Pour moi, c’était évident qu’il fallait en faire un objectif de négociation, mais pour d’autres non. Nous avons donc échangé sur ce sujet mais aussi sur les autres aspects du passage au sein CSE au sein de notre syndicat durant un à deux mois ».

 Nous devrions garder 7 établisements

 

La position de la CFDT ayant été définie, elle a été confrontée aux positions des autres organisations syndicales (CFE-CGC, CGT et CFTC), poursuit la déléguée syndicale. Et donc, la création de représentants de proximité sera bien au menu des revendications syndicales, « d’autant que nous avons l’assurance d’avoir 7 CSE mais que nous aurons du mal à négocier un bonus du nombre d’élus et de leur heures de délégation ».

Pour Béatrice Fromentin-Denozière, il est en effet crucial de conserver un lien de proximité avec les salariés. Au passage, la déléguée regrette la disparition du CHSCT : « Nous travaillons dans les études et la recherche et notre tutelle est le ministère de la Défense. Nous avons de nombreux sites sensibles et nous avions des membres de CHSCT qui connaissaient très bien leurs sujets. Les élus des CSE ne pourront pas être spécialisés en tout ». Reste à savoir ce que donneront les négociations.

Je suis cycliste, j’ai un gilet jaune moi-aussi, mais justement… 

 

Investie dans la représentation du personnel par goût du social et pour avoir une autre vision des questions touchant aux conditions de travail (« On perçoit autrement comment fonctionne l’entreprise, comment travaille la direction »), la déléguée syndicale a regardé d’un oeil plutôt réprobateur le mouvement des gilets jaunes. D’une, elle est cycliste (« j’ai aussi un gilet jaune », dit-elle) et considère que la remise en cause de l’augmentation des taxes sur les carburants est une mauvaise chose pour l’environnement : « C’est désolant d’abandonner en route la taxe carbone ». De deux, Béatrice Formentin-Denozière considère comme « lamentable » l’annonce du gouvernement sur le pouvoir d’achat des smicards : « 100 euros de plus via la prime d’activité, c’est une somme qui ne comptera pour rien pour les droits à retraite, par exemple, c’est un effort encore demandé aux contribuables, alors qu’on exonère de cet effort l’employeur et les actionnaires ». Et la déléguée d’ajouter que, même dans son entreprise, les techniciens ayant des salaires de débutants ont du mal à se loger, et qu’ils font part de leurs problèmes de pouvoir d’achat aux représentants du personnel.

Mais, veut croire la DS, après les mouvement des gilets jaunes, « il y a aura nécessairement un retour vers les syndicats », même si elle-aussi exprime certaines critiques sur le fonctionnement interne de la CFDT : « Ce n’est pas assez démocratique, la base n’est pas assez consultée, on l’a bien vu lors de la loi El Khomri ».

Source – Actuel CE