En clôture du 49e congrès de la CFDT, vendredi 8 juin à Rennes, le secrétaire général de la confédération a pu s’appuyer sur sa confortable réélection (lire notre article) et sur une large approbation du projet de résolution. Ce document fleuve, qui donne le cap du syndicat pour les 4 ans à venir, a été voté par 87,89% des militants. Fort de ce plébiscite qui fait oublier quelques critiques sur l’attitude de la direction confédérale lors des ordonnances Macron (lire notre article dans cette même édition), Laurent Berger a délivré vendredi un discours volontariste : il a revendiqué le leadership dans le champ syndical. Même un article sensible comme la possibilité donnée aux autres structures que les syndicats de base de nouer des relations directes avec les militants a été approuvé par 78% des militants (lire notre encadré).
Laurent Berger a confirmé l’objectif de 10% d’adhérents supplémentaires en quatre ans, un amendement ayant ramené l’objectif inital de 20%, visiblement jugé trop ambitieux par les militants, à 10% : « Il n’y a pas d’autre voie pour nous renforcer que d’être très nombreux ». Il a déclaré également vouloir travailler davantage avec l’UNSA et la CFTC afin que le bloc dit réformiste pèse davantage. Surtout, Laurent Berger a clairement donné pour ambition à la CFDT de conquérir la première place syndicale française, tous secteurs confondus, à l’occasion des élections professionnelles de décembre prochain dans les trois fonctions publiques : « A 20 00 voix près, nous pouvons transformer dans le public l’essai du privé ».
Fort de l’unité affichée lors du congrès, le syndicaliste a durci le ton à l’égard du gouvernement tout en lui proposant à nouveau de négocier les réformes à venir. « Nous avons une équipe renouvelée, nous sommes reboostés. Nombre d’interlocuteurs feraient bien de comprendre que la CFDT n’est pas affaiblie », a-t-il lancé à la presse. A la tribune, il a dit vouloir aller à la concertation sur la réforme sur les retraites « comme au combat, mais un combat pacifique ». S’il se dit prêt à une harmonisation des régimes et une évolution vers « un système de comptes notionnels ou à point » (une idée toutefois rejetée par 36% des congressistes), le premier syndicat du privé veut que soit avant tout prise en compte la durée de cotisation, avec le maintien des bornes d’âge, et revendique l’amélioration de la prise en compte de la pénibilité et l’instauration d’un niveau de pension minimum.

Qu’est-ce qui garantit à la CFDT d’être cette fois davantage entendue que lors des ordonnances réformant le code du travail et que la réforme donnera lieu à une véritable négociation ? « Rien, répond sans détours Laurent Berger. Mais notre rôle est de porter des revendications. On ne va pas plier le match avant de l’avoir joué. On va jouer le match et on verra ».
A la tribune, où il a fait acclamer Marie-Andrée Séguin, « une force tranquille », Hervé Garnier, « une force bougonne », et Véronique Descacq, « une force de frappe », qui quittent la commission exécutive, le secrétaire général de la CFDT a invité le gouvernement à lancer un rendez-vous social en septembre (c’est à dire après l’élection du nouveau président du Medef) réunissant les partenaires sociaux, afin de dégager un agenda social et tout mettre sur la table pour les chantiers à venir, « afin de repartir sur de nouvelles bases ».
L’appui aux militants, un sujet sensible tranché par le congrès |
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L’évolution du fonctionnement d’une confédération pose souvent des questions de principe. Le congrès de la CFDT en a donné un exemple vendredi, à propos de la question de l’accompagnement des militants, un point crucial pour une organisation qui souhaite attirer davantage de salariés. Un article de la résolution de la CFDT, sorte de programme des 4 ans à venir, prévoit en effet que l’accompagnement aux militants peut être proposé « par l’organisation ayant identifié le besoin », c’est à dire pas seulement par le syndicat de base, mais aussi par une union régionale, une confédération « ou toute autre structure interprofessionnelle ou professionnelle ». Pour le syndicat de la métallurgie Sud Francilien, une telle évolution est de nature à affaiblir « la structure collective de base qu’est le syndicat », dans la mesure où une autre structure s’adresserait directement aux militants. « Le syndicat doit rester souverain », estime le syndicat métallurgie. « Dans un monde théorique, l’accompagnement du militant relève totalement du syndicat, lui a répondu le secrétaire national Yvan Ricordeau. Mais nous devons appréhender la réalité telle qu’elle est. Et partir des besoins et des attentes des militants. Que se passe-t-il dans la vraie vie ? Nous voyons que, dans 4 cas sur 10, un adhérent n’est pas rappelé par son syndicat malgré le nouveau « service à la carte ». Refuser cette conception multicanal, c’est laisser le militant seul. Il faut donc trouver la meilleure voie pour accompagner les militants, mais cet accompagnement n’est que ponctuel, c’est au syndicat de faire vivre sa section ». L’amendement a été rejeté par 78% des congressistes, ce qui ouvre donc la voie à un accompagnement des militants par d’autres structures que le syndicat de base. |
Source – Actuel CE